Revue des marchés du 4e trimestre 2020
COMMENTAIRE ÉCONOMIQUE
Les marchés boursiers mondiaux ont enregistré de solides gains au quatrième trimestre. Plus précisément, l'indice mondial MSCI All Countries[1], l'indice S&P 500 et l'indice composé S&P TSX ont progressé de 13,48 %, 12,01 % et 8,97 %, respectivement. Le principal catalyseur de cette flambée est venu de Pfizer et BioNtech SE qui ont dévoilé, le 9 novembre 2020, que leur vaccin avait démontré des preuves d'efficacité contre COVID-19 dans une étude clinique de phase 3. En revanche, l'élection présidentielle américaine et les semaines chaotiques qui ont suivi n'ont eu qu'un impact minime. Certes, cette fois-ci, les sondeurs avaient correctement anticipé les résultats, ce qui explique en partie l'absence de surprise. De plus, les marchés financiers ont reçu une nouvelle positive la veille de Noël lorsque le Royaume-Uni et l'Union européenne ont signé l'accord de commerce et de coopération UE-Royaume-Uni, évitant ainsi un Brexit sans accord et stimulant davantage les marchés à la hausse tout en mettant fin à une interminable saga.
Les nouvelles entourant le développement des vaccins ont donné une impulsion supplémentaire aux marchés financiers, mais elles ont également eu un impact sur le type d'actions qui se sont le plus appréciées. Depuis le début de la pandémie, les valeurs cycliques accusaient un retard significatif par rapport aux autres, mais ont vu leur sort s’améliorer au 4e trimestre. Par exemple, l'indice MSCI All Countries World Value a enregistré un gain de 15,73 % ou 3,18 % de plus que le gain de 12,55 % affiché par l'indice MSCI All Countries World Growth. Il convient toutefois de noter que pour l'année civile 2020, l'indice MSCI All Countries World Value a essuyé un modeste repli tandis que son homologue de croissance a enregistré un gain supérieur à 30 %.
En ce qui concerne les titres à revenu fixe, la perspective d'une relance économique post-Covid-19 a conduit les segments les plus risqués à surperformer substantiellement les obligations gouvernementales. Notamment, l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global High Yield & Emerging Markets et l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global Corporate Bond se sont appréciés respectivement de 6,09 % et 2,62 %. En revanche, l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global Government Bond a enregistré une perte de -0,01 %. Soulignons que, pour que cet indice accuse une perte, il aura suffi d’une augmentation d'à peine 0,20 % du taux des titres d'État américains à 10 ans. Malgré tout, même après cette augmentation, le rendement à l'échéance de l'indice ICE Bank of America Merrill Lynch Global Government Bond à la fin de 2020 était de 0,28 %. Dans cet esprit, nous continuons de croire que le rendement potentiel des obligations gouvernementales et quasi gouvernementales est insuffisant compte tenu du risque auquel elles sont confrontées si les taux augmentaient, même modestement.
Menées principalement par les métaux industriels et le pétrole brut, les matières premières telles que représentées par l'indice S&P GSCI ont affiché un rendement de 14,49 % au cours du trimestre. En fait, les titres de sociétés liées aux matières premières comme les mines de cuivre et les fournisseurs d'équipements et de services pétroliers et gaziers ont même fait mieux que les hôtels, les casinos et les compagnies de croisière, ces derniers ayant été parmi les plus touchés par les mesures de confinement prolongé. Malgré les performances récentes, nous pensons que les matières premières et les titres de sociétés liées aux matières premières peuvent procurer une protection indirecte contre l’inflation et restent largement sous-pondérés chez plusieurs investisseurs. En outre, la nouvelle administration américaine a promis de grands programmes d'infrastructure ce qui devrait continuer à soutenir le secteur. Nous explorons des solutions qui pourraient offrir une exposition spécifique dans ce secteur.
LES NOMBREUSES VIES DU BITCOIN
Une enquête récente[2] a indiqué que le Bitcoin était devenu la position la plus fréquemment détenue parmi les participants. En effet, le prix du Bitcoin s'est apprécié de plus de 500 % en 2020, dont une augmentation de près de 200 % au cours du trimestre. En conséquence, de nombreux observateurs ne se gênent plus pour accoler le terme de bulle au Bitcoin et à d’autres cryptomonnaies comme Ethereum. Le cas du Bitcoin est toutefois remarquable puisqu’il a survécu à deux baisses de plus de 50 % avant d’atteindre de nouveaux sommets relativement rapidement. Les autres bulles majeures de l'histoire récente, comme les actions japonaises à la fin des années 1980, les titres Internet au tournant du siècle et l’immobilier résidentiel à la fin de 2008, n’ont jamais récupéré après leur éclatement.
Le Bitcoin est considéré par ses défenseurs comme une couverture contre une dévaluation des devises émises par le gouvernement. Puisque la quantité de Bitcoin est programmée pour croître asymptotiquement vers un nombre fini, l'argument veut qu’étant donné l’offre limitée, le Bitcoin est appelé à s’apprécier, surtout qu’il est maintenant de plus en plus accepté par des investisseurs auparavant sceptiques. Cela peut très bien être vrai. Mais en tant que devise, le Bitcoin ne répond pas à certains des critères de base nécessaires pour le rendre valable, à savoir l'acceptabilité comme moyen d'échange dans les transactions de biens et services et la stabilité des prix. De plus, bien que l'offre ultime de Bitcoin soit limitée, nous ne devons pas sous-estimer l'ingéniosité humaine et rejeter la possibilité que davantage de cryptomonnaies soient créées et gagnent des parts de marché.
Nous ne connaissons pas la suite de l’histoire pour le Bitcoin, mais les cas où un actif s'apprécie de manière exponentielle sur une période relativement courte sans subir une correction significative à un moment donné, sont excessivement rares. Notons également que la récente trajectoire du prix du Bitcoin a suivi de près celle d'autres segments de marché dont la valorisation est obtenue en fonction de l’espoir d'un résultat exceptionnel dans un avenir lointain – comme les sociétés en démarrage qui produisent de véhicules électriques ou les opérateurs de plateformes logistiques en ligne qui sont salués par une nouvelle génération d'investisseurs qui ne savent peut-être pas encore la différence entre investir et parier.
Chez Patrimonica, nous choisissons de ne pas parier. En fait, lors du dernier trimestre, la flambée des histoires de croissance les plus spéculatives nous a convaincus de commencer à désaccentuer ces expositions dans des portefeuilles gérés de manière discrétionnaire et de commencer à évoluer vers des stratégies de type valeur moins appréciées et moins à la mode. Dans le même temps, comme les flux spéculatifs se sont concentrés principalement dans les actions américaines à grande capitalisation, nous commençons à privilégier les compagnies étrangères (y compris les marchés émergents) et de petites capitalisations, d'abord via des mandats gérés passivement, mais bientôt aussi via des stratégies activement gérées.
[1] Le rendement des indices fait référence à la série de performance totale nette en monnaie locale, sauf indication contraire.
[2] Bank of America Merrill Lynch Fund Manager Survey, décembre 2020