Revue des marchés du 1er trimestre 2023

COMMENTAIRE ÉCONOMIQUE

Les marchés boursiers ont surmonté une série de développements macroéconomiques et fondamentaux négatifs pour afficher des rendements positifs au premier trimestre de 2023. En effet, les investisseurs en actions ont semblé regarder au-delà de la tendance plutôt effroyable marquée par la lecture la plus récente de l’indice PMI manufacturier de l’ISM[1], la baisse du nombre de premiers appels publics à l’épargne et de fusions et acquisitions, la compression des marges bénéficiaires et la baisse des bénéfices[2] pour conclure que la perspective d’un pic à court terme des taux d’intérêt serait le catalyseur qui contribuera à améliorer le sentiment des consommateurs et des PDG, ce qui serait propice aux actifs de longue durée, y compris les marchés boursiers. Les investisseurs boursiers regardent probablement au-delà de la mesure de la composante logement de l’IPC américain (dont nous avons déjà souligné les pièges[3]) et supposent que l’inflation est déjà beaucoup plus faible que le chiffre rapporté. Pour être plus précis, l’indice MSCI All Countries World, l’indice S&P 500 et l’indice composé S&P TSX ont progressé[4] de 7,02 %, 7.36 % et 4.55 % respectivement au cours du trimestre.

Fait intéressant, à l’exclusion des émetteurs qui sont devenus des cibles de prise de contrôle au cours du trimestre, les titres les plus performants comprenaient une collection d’émetteurs liés au domaine de la cryptomonnaie et de l’intelligence artificielle et certaines grandes capitalisations du secteur des technologies de l’information qui ont essuyé les plus importants reculs l’an dernier comme Facebook (Meta), Tesla et Nvidia. Les retardataires, en revanche, étaient concentrés dans le secteur de l’énergie en raison de la baisse des prix du pétrole brut et du gaz naturel et, pour des raisons que nous avons déjà évoquées plus tôt ce mois-ci, du secteur financier.

Les marchés des titres à revenu fixe ont progressé en sympathie avec les marchés boursiers alors que les signes montrant que les taux plus élevés faisaient des ravages sur l’économie se multipliaient, occasionnant ainsi des baissesde rendements obligataires pour toutes les échéances. Les fluctuations des courbes des taux d’intérêt ont été particulièrement aiguës à la suite de la débâcle de la Silicon Valley Bank, alors que les taux ont chuté d’un montant record sur une courte période et que la volatilité implicite des taux d’intérêt, telle qu’approximée par l’indice ICE Bank of America Merrill Lynch MOVE, a bondi à un niveau record. Bien que la réponse de la politique américaine, en particulier le Bank Term Funding Program(« BTFP » - financement à terme de la banque) de la Réserve fédérale soit perçue de manière salutaire du point de vue de l’amélioration de la liquidité, le consensus est que les tensions persistantes dans le secteur bancaire vont conduire à des conditions d’emprunt plus strictes. Ainsi, les écarts de crédit ont terminé le trimestre en hausse par rapport au trimestre précédent. Néanmoins, les obligations de sociétés ont généralement surperformé les obligations d’État. En effet, l’indice ICE Bank of America Global Government Bond et l’indice ICE Bank of America Global Corporate ont rapporté 2,66 % et 2,85 % respectivement. Cependant, les obligations à échéance plus longue ont fait beaucoup mieux que les obligations à échéance plus courte. 

Au moment d’écrire ces lignes, les dépôts auprès des banques commerciales américaines continuaient de décroître, bien qu’à un rythme plus lent qu’ils ne l’ont fait plus tôt en mars[5]. Par conséquent, il semble que les organismes de réglementation aient fait ce qu’il fallait. Cela dit, nous trouvons ironique que l’industrie du capital de risque, qui a été le principal bénéficiaire du surinvestissement et des excès de crédit de la Silicon Valley Bank et autres banques semblables, n’ait pas contribué un sou au renflouement de la fragile First Republic Bank[6]. Pour le moment, il semble que le risque d’un resserrement du crédit ait été contenu, car l’évaporation du capital semble avoir été largement limitée à l’industrie du capital de risque, aux sociétés d’acquisition à vacation spéciale (« SPAC ») et à d’autres secteurs hautement spéculatifs. Il serait sans doute plus inquiétant si le capital disparaissait des mains des fournisseurs de capitaux eux-mêmes. Cela représenterait une crise plus difficile à contenir.

[1] À la fin de février 2023, l’indicateur de l’Université du Michigan était à son plus bas niveau depuis mai 2020.

[2] Source : FactSet

[3] https://patrimonica.com/rising-inflation-what-asset-owners-can-do-about-it/?lang=en

[4] Sauf indication contraire, index le rendement; références rendements totaux libellé en monnaie locale.

[5] Source : Banque fédérale de réserve de St-Louis, Rapport hebdomadaire sur les dépôts des banques commerciales américaines.

[6] C’était un consortium de banques dirigé par JP Morgan qui a fourni un filet de sécurité de dépôt de 30 milliards à la First Republic Bank.

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